
Le prix Henri Fournier récompense, l’étudiant(e) de la filière Gestion des Risques et Environnement pour la qualité de son projet de fin d’étude concernant les notions de prévention des risques et de sécurité dans l’entreprise à travers les 3 critères suivants :
- Aptitude à l’analyse des difficultés ou des faiblesses rencontrées dans l’entreprise en matière de prévention des risques.
- Démarche concrète pour la mise en place ou le développement de préventions de risques.
- Capacité opérationnelle : Apporter des outils, des solutions concrètes visant à faire avancer le projet de prévention des risques en entreprise. L’ensemble dans un souci du développement de celle-ci et du bien-être de ses salariés.
Historiquement, c’est l’association CODERIS (ancien Haut Comité pour la Défense civile et économique des Pays de la Loire) qui portait ce prix et étudiait les mémoires. Si l’organisation est à ce jour dissoute, l’attribution du prix, matérialisé par un certificat et un chèque de 250€ continu à travers l’Esaip.
Rencontre avec Jullie Dubreuil, lauréate 2023 du Prix Henri Fournier.
Vous êtes la lauréate 2023 du Prix Henri Fournier, sur quoi portait votre mémoire ?
Mon mémoire intitulé « Le levier de la prévention des RPS et des TMS pour faire progresser la culture sécurité » traitait de l’évaluation des risques psychosociaux et des troubles musculosquelettiques dans une industrie.
Les enjeux de mon projet était d’inclure ses deux sujets dans le langage quotidien de la prévention des risques dans l’usine de Vendée. Pour ce faire, une remise à jour totale du Document Unique a été réalisée en englobant ces deux thématiques sous-évaluées jusqu’à présent. La participation de l’ensemble des parties prenantes était nécessaire pour faire évoluer « sereinement » le projet. (direction du site, direction HSE groupe, délégués du personnel, salariés, service médical…).
Pour ce site, en partant de questionnaires reconnus, j’ai créé une grille d’évaluation et des questionnaires afin de connaître le ressenti des salariés sur les thèmes des RPS et de la charge physique.
- L’entreprise permet-elle de concilier ma vie professionnelle et ma vie personnelle ?
- Les changements sont-ils suffisamment anticipés, accompagnés et clairement expliqués?
- Est-ce que je ressens des douleurs dans ma journée de travail ?
- Est-ce que j’adopte des postures contraignantes ?
Quelques questions auxquelles devaient répondre les salariés avec le service HSE et les délégués du personnel ou anonymement (questionnaire RPS). Je me suis entretenue avec l’ensemble des managers sur les résultats obtenus par leurs équipes. Chacun a pu ressortir au minimum 2 ou 3 actions pour améliorer le quotidien des collaborateurs. C’est ici que se trouvait toute la complexité: évaluer les RPS d’un groupe de personnes et non d’un individu.
Lors de ma fin de période d’alternance dans l’entreprise, le projet était en cours de déploiement dans l’ensemble du Groupe. Avec l’aide de l’Ergonome du Groupe, un outil pour évaluer la charge physique des opérateurs a été crée. Le but était de répondre à l’un des plus grands enjeux des usines actuellement, réduire l’apparition des Maladies Professionnelles.
L’objectif de ce projet de fin d’études était également de pouvoir établir un lien entre l’apparition des maladies professionnelles notamment les TMS et les risques psychosociaux. Un salarié anxieux, stressé ou ayant une charge de travail contraignante est-il plus sujet à développer des troubles musculosquelettiques? Les résultats n’ont pu démontrer ce parallèle seulement sur un secteur d’activité de l’usine.
Pourquoi avez-vous choisi ce sujet ?
Le sujet des risques psychosociaux et de l’évaluation de la charge mentale ont toujours été des thèmes qui m’ont intéressés lors de mes 5 années d’étude dans le domaine « HSE ». Ce sont des sujets à enjeux qui ont souvent été laissés de côté par les entreprises. J’ai eu l’opportunité lors de mon alternance d’exploiter ce sujet, j’ai donc saisie l’occasion.
La période dans laquelle j’évoluais dans l’entreprise à été propice au stress, à l’anxiété, à l’inquiétude pour les salariés (arrêt de production, crise économique, plan social…). Amener aussi le sujet des Risques Psychosociaux dans une entreprise. Un sujet tabou me semblait challengeant et cela a été une réelle source de motivation. Amener avec pédagogie la direction et les managers à discuter autour de ces thèmes a permis de les dédramatiser. Le thème à pu être conjugué avec la problématique de la nette augmentation des Maladies Professionnelles depuis quelques années dans l’entreprise. Ceci qui a permis de donner du poids à mon sujet.
Vous êtes aujourd’hui une Alumni, où en êtes-vous dans votre carrière ?
Aujourd’hui je suis ingénieure dans un bureau d’étude. J’accompagne les industriels dans les problématiques de risques environnementaux (incendie, pollution) notamment les Installations Classées pour la Protection de l’Environnement (ICPE).
Le métier est différent de celui du « HSE ». Il me permet de découvrir des dizaines d’entreprises différentes chaque année. Accompagnant un jour des multinationales et un autre un agriculteur qui souhaite construire un méthaniseur sur son exploitation. Je côtoie, des directeurs de site, des PDG, des responsables HSE…
Le métier est enrichissant et soigne ma curiosité. Aujourd’hui, je continue de réaliser également des missions sur le thème de la sécurité au travail. J’essaie d’instaurer les thématiques TMS et RPS dans les entreprises.